Rapport d’activité 1

Près de 1500 chercheurs de 52 pays s’étaient donné rendez-vous à Cairns (mais voir la représentation INQUA par pays, supra). Les éléments qui suivent proviennent d’une liste disponible sur le site de l’AQUA http://www.aqua.org.au/AQUA/INQUA2007.html. Elle comprend de fait 1015 noms de délégués et c’est sur cette base que les distributions par zones géographiques et par pays européens sont proposées, permettant d’obtenir une image réaliste de la représentation internationale.
Nous avons distingué 8 régions du Monde. Malgré le lieu éloigné du congrès, il s’avère que l’Europe (total de 41,5 %) est particulièrement bien représentée (421 délégués), suivie plus logiquement par l’Océanie (Australie – lieu du congrès – et Nouvelle-Zélande), l’Asie (notamment Chine, Japon, Corée) puis l’Amérique du Nord. Les autres régions ne sont que faiblement représentées.
Nous avons plus particulièrement détaillé les représentations au niveau européen (ci-dessous). Dans l’ensemble, les pays d’Europe de l’Ouest montre une forte participation, dominée par l’Angleterre (155 délégués) et l’Allemagne (70), suivis par l’Italie, la France et la Hollande (entre 20 et 30 membres). Par régions, l’Europe ‘moyenne’ (UK+G+Nd+Bl+Au) montre 67,8% de participation, puis l’Europe du Sud (Fr+It+Sp+Sw+Pt+Gr) avec 22,5% et enfin l’Europe du Nord (Fi+Su+Da+No) avec 9,7%. Le détail des pays d’Europe de l’Est est également fourni (avec 13 représentants pour la Russie).
Outre la subvention accordée par le COFUSI au titre de la participation de 2 représentatns à l’Assembalé Générale de l’INQUA, nous avions déposé une demande groupée auprés du MAE afin de pouvoire disposer d’une subvention pour la représentation française. Une seule une de ces demandes a été acceptée, donnée à titre individuel (A.Siffedine de l’IRD, assurant le voyage). Par ailleurs le Dpt EDD, que nous avions égalemnt contacté, a mis à disposition une subvention pour un chercheur (J.P.Brugal). Il faut souligner que les frais d’inscriptions (600 US$) et le lieu du congrès en terre ‘australe’ ont constitué un handicap certain pour une plus forte rperésentation française.
Le ‘cas’ du Quaternaire
Nous citerons plus particulièrement un symposium très attendu et qui a reflété tous les débats et rencontres tenus ces dernières années : « Defining and sub-dividing the Quaternary » (conv. B.Pillans), avec des interventions de P.L.Gibbard, B.Pillans, L.Marks, J.Rose, A.E.Dodonov, J.G.Ogg, W.E.Westerhoff, H.J.T.Weerts. L’issue (pour reprendre le terme anglais) d’un tel débat est ‘entre les mains’ de l’ICS (International Commission on Stratigraphy- sub-commission on Quaternary stratigraphy : www.quaternary.stratigraphy.org.uk), et d’une ‘task-force’ entre cette commission et l’INQUA mis en place dès 2004, et trouvera sa résolution lors du prochain congrès de l’IGC (International Geological Congress) d’Oslo en 2008. L’ICS a un rôle consultatif auprès de l’Union Internationale des Sciences Géologiques (IUGS), et l’IGC fixe les standards basés sur les décisions prises par l’IUGS. Les aspects historiques, géographiques, scientifiques et politiques d’un tel débat n’échapperont à personne, impliquant une réelle complexité. La question de la place (et définition) du Quaternaire (ère, sous-ère, période, système…cf.Odin et al., Quaternaire, 2007), de sa base et des limites chronologiques avec le Néogène ou au sein du Cénozoïque, et enfin les limites mêmes du Pléistocène (inf/moy, moy/sup et Pléistocène./Holocène) sont au coeur de ce débat, avec autant de stratotypes à définir dans le cadre des GSSP et GSSA (Global standard Stratigraphic Point/Age). Le Pléistocène montrerait la succession d’étage marins (Gelasien, ‘Calabrien’, ‘Ionien’ et du stage 4 ‘Tarentien’ – sensu Gibbard) avec la base de l’Holocène à 11,703 yr b2K (before AD2000, cf. courbe NGRIP) ; rappelons que ce dernier a été qualifié d’Anthropocène (séries/époque ?) par P.Crutzen (2002). Sans entrer dans les détails, il apparaît à beaucoup que la base du Gelasien est la plus appropriée pour localiser actuellement la base du Quaternaire (cf. comm. de J.Ogg, secrétaire général de l’ICS, avec F.Gradstein, président ICS et B.Pillans, INQUA commission – SEQS), et donc va au-delà de la décision de 1983 de l’IUGS qui avait ratifié la base du Pléistocène GSSP dans la section de Vrica (Italy – soit proche du sommet du sub-chron d’Olduvai, e.1.81 Ma). La nouvelle proposition placerait ce terme à la base du Gelasien (de la section de Gela en Sicile, proposé en 1991 et ratifié en 1996, e. 2,59 Ma, MIS 103 – préféré au premier pic de froid attribué au MIS 110 et daté d’e.2,73 Ma – ), à peu prés 20 ky après la limite Gauss-Matuyama (cf. aussi Aubry et al, 2005, Episodes qui propose le Quaternaire comme une sub-ère commençant autour de 2,6 Ma). La proposition actuelle de l’ICS – soutenue par les experts quaternaristes – est de définir le Quaternaire comme un système/période (avec l’abandon du terme Tertiaire) qui suit le Néogène, le ‘Pliocène supérieur’ (Gelasien) devenant le Pléistocène le plus inférieur (lowest Pleistocene).
En contrepartie, la position officielle de l’IUGS en Août 2008 est :
i) de reconnaître le terme Quaternaire comme une période/système formel de l’échelle géologique internationale (au sein de l’ère/èrathème Cénozoïque)
ii) de ne pas approuver la définition de la base du Quaternaire.
Diverses questions restent en suspend : 1) que faire du mot/terme (concept ?)Tertiaire (reconnu officiellement comme une sub-ère) ; 2) quelle est la base du Quaternaire avec a) les problèmes de corrélation magnétique et de résolution chronologique des assemblages marins de microfossiles et b) la base Gelasien se trouve après le premier coup de froid à MIS 110 (donc dans le Piacenzien, cf.Haug et al, 2005, Nature)…la conclusion de J.Ogg est alors de savoir s’il faut rester sur la base historique de 1,8 Ma , ou reculer vers la base du Gelasien (2,6 Ma) ou bien encore modifier selon le premier vrai refroidissement global à 2,7 Ma, soit modifier la base du Gelasien. La question du clou d’or (GSSP) reste donc ouverte au sujet de
Rapport CNF INQUA
Cofusi – Févr. 08
la base du Quaternaire bien que la date de 2,6 Ma recueille le plus d’adhésion (avec 2 propositions de GSSP en Italie – section marine en dépôt terrestre – et une au Japon –section marine sous-marine).
Les Quaternaristes sont fortement invités à participer au Congrès d’Oslo afin d’achever de préciser le statut du Quaternaire…Depuis plusieurs années, ce débat est en cours, et la communauté française a modestement participé à celui-ci. Nous avons cependant suscité un débat avec une très large audience, notamment lors de la tenue du colloque Q5 de Paris en 2006 sur ‘Limites et Spécificités’ (publié dans la revue Quaternaire en 2007). Au terme de cette réunion, une vaste majorité des participants ont voté pour conserver la place du Quaternaire comme période suivant le Néogène, et rabaisser la limite chronologique à 2,6 Ma. Nous n’avons abordé que la question (essentielle) de la définition et de la base chronologique du Quaternaire (avec une double dimension d’ailleurs : chronostratigraphique et géochronologique, cf.B.Pillans), mais de nombreuses autres interventions ont porté sur les limites intra-quaternaires (avec stratotypes et para-stratotypes)…le sujet est riche et nous espérons qu’un consensus puisse émerger à travers l’ensemble et la pluralité de notre communauté de scientifiques travaillant sur les périodes anciennes de l’Histoire de la Terre, en profitant pour inviter les quaternaristes français à poursuivre cet effort lors du prochain Congrès d’Oslo.
Ce débat rejoint enfin d’autres questions essentielles menées par le Intergovernmental on Climate Change Panel (dernier rapport 2007 : cf http://www.ipcc.ch/). Un message émerge : les Quaternaristes ont un rôle-clef à jouer pour répondre aux questions scientifiques et aux problèmes corollaires des sociétés humaines face au changement climatique (réchauffement).
Rapport CNF INQUA
Cofusi – Févr. 08
Photo 4 – P.Gibbard, présentant une Echelle de corrélation chronostratigraphique des 2,7 derniers Ma (symposium « Defining and sub-dividing the Quaternary » de Cairns) (Ph.: J.P.Brugal)